Z'héros polaire

Coucou tout le monde,
 
    A la fin de mon dernier mail j'étais en partance, rappelez-vous, pour une deuxième manip à Ratmanoff. Le voyage, Alex (poptruite) et moi on l'a fait en un seul jour, ça fait pas mal de kilomètres quand même, 23 exactement (Jean-Marie, chef garage, il est sympa, il nous a approché en 4X4 jusqu'à la rivière, comme l'autre jour Mickaël). Alex, lui, il fallait absolument qu'il passe par le "Bungay", une petite butte de 69 mètres. C'est que les VATs sont joueurs, ils mettent au point un jeu de pistes à travers ce qui est accessible de l'archipel, jeu destiné à leurs successeurs. J'ai accepté le petit détour sans même râler et l'indice il est maintenant là-haut, je devrais dire là-bas, parceque le "Bungay" il est déjà à plus de 10 km de la base. On en a profité pour pique-niquer mais malheureusement le temps n'était pas génial, la visibilité franchement médiocre et c'est bien dommage car la péninsule "Courbet" est extrêmement plate et du haut de la colline, par beau temps, la vue s'étend sur des kilomètres. C'était quand même sympa cette pause déjeuner. Une pause déjeuner, quand on marche avec un VAT, c'est miraculeux, ou alors c'est qu'on marche avec poptruite. Les autres VAT, ils marchent, et quand ils ont un petit creux ils sucent un tube de lait concentré, tout en marchant évidemment, et il faut suivre, et ça peut durer une journée entière de marche avec seulement un tube de lait concentré pour s'alimenter. Sauvages !

    Le terrain est très changeant sur la péninsule. C'est parfois du pierrier (dans le sol très meuble, les pierres s'enfoncent de 5 à 10 cm à chaque pas ), parfois le sol est jonché de blocs un peu plus gros, il y a toute une zone d'Azorelle (la plante que j'ai mesuré en manip sur l'île Verte), il y a une multitude de lacs que l'on ne distingue qu'au dernier moment à cause de la platitude du terrain, et ça oblige parfois à de grands détours, et puis surtout il y a beaucoup d'acaena et au milieu de tout ça, les souilles. Les souilles je vous en ai déjà parlé pendant l'épisode PJD'A, c'est comme un marécage donc,
on ne distingue absolument pas la différence entre une souille profonde de 10 cm ou de 60, ou alors si, mais c'est quand on est déjà dedans. Moi j'ai de la chance, ça fait maintenant plusieurs mois qu'il pleut très peu sur Ker, et lentement les souilles s'assèchent. Je ne m'enfonce jamais plus haut que la botte et mes pieds restent au sec. Il n'empêche que ça rend la marche pénible. Bon, on arrive à Ratmanoff, je vois bien la différence avec mes premières marches, je suis nettement moins fatigué, la forme revient doucement.Manip sur manchot royal
   
     C'est Gwenn, déjà sur place, la chef de manip. Elle est finalement la seule vraie chercheuse sur Ker. (les VATs cherchent, certes, mais ils bossent pour des chercheurs restés dans leur labo, en métropole). Gwenn, elle étudie le manchot royal, et si vous avez lu ma précédente lettre, vous avez compris que ce n'est pas ce qui manque à Ratmanoff (je rectifie les chiffres d'ailleurs: en ce moment ils sont 200 à 300 000, ils seront bientôt plus de 400 000). Sa manip est bien crevante, elle commence à 5 heures du mat' et si on veut un café avant, il faut se lever à 4h30. Le jour se lève déjà à cette heure. Il faut d'abord repérer les couples de manchots qui paradent et là déjà c'est pas facile. Faut pas confondre ceux qui paradent de ceux qui nourissent leur petit de ceux qui chantent on ne sait pas pourquoi de ceux qui se gratouillent etc...Parmi ceux qui paradent vraiment y'a aussi ceux qui se prennent des vieux rateaux, ben oui les mecs vous n'êtes pas les seuls, chez les manchots aussi y'a des mâles qui se prennent des vestes. Et puis ensuite faut également éliminer ceux qui muent et en ce moment c'est la saison. Il ne reste donc plus grand monde mais tant bien que mal, on réussit de temps en temps à repérer un couple qui va bien. La chasse au manchot est alors ouverte: chacun s'occupe du sien, il ne faut surtout pas le quitter des yeux car il galope et se mêle à tous les autres. On l'attrape...un petit peu comme on peut, puis on lui met une cagoule, enfin on essaye, là c'est sport. Faire gaffe au bec de l'animal, 1 semaine après moi Richard (Météo) a failli perdre un oeil à 1/2 centimètre près. Puis on ramène la bestiole près de la cabane dans un enclos provisoire.
     Il ne reste donc plus grand monde mais tant bien que mal, on réussit de temps en temps à repérer un couple qui va bien. La chasse au manchot est alors ouverte: chacun s'occupe du sien, il ne faut surtout pas le quitter des yeux car il galope et se mêle à tous les autres. On l'attrape...un petit peu comme on peut, puis on lui met une cagoule, enfin on essaye, là c'est sport. Faire gaffe au bec de l'animal, 1 semaine après moi Richard (Météo) a failli perdre un oeil à 1/2 centimètre près. Puis on ramène la bestiole près de la cabane dans un enclos provisoire.Balade sur la plageY'a des petits nerveux qui gigotent très fort quand on les porte, moi à leur place ça ferait longtemps que je me serai luxé les deux épaules. Quand on a isolé 3 ou 4 couples, on passe à la suite: ce sont des mesures diverses (taille du bec, des ailerons, des taches de couleurs...) et puis on rase la tache de couleur orange qu'ils ont, disons, prés de l'oreille (Gwenn veut savoir si ces taches ont leur importance dans la recherche d'un partenaire). Enfin on les bague et on les relâche.
  Au bout de quelques jours il y a pas mal de "bagués" dans la colonie. La deuxième partie de la manip consiste à retrouver ces "bagués" au milieu de tous les autres (ah, ah, relisez les chiffres que je vous donnais un peu plus haut, vous allez comprendre comme c'est simple !) et à observer leur comportement (parade ou pas parade ?). On répète ces 2 manips deux fois par jour et quand je me couche le soir à 22h00, je rêve des numéros de bagues qu'on cherche dans la colonie...D21...E13....C8 (véridique, j'ai rêvé que les numéros défilaient devant moi, sans les pingouins, juste les numéros !! au secours !!!). Pour se faire pardonner, Gwenn qui est bien élevée nous a offert un soir le foie gras et un petit "Loupiac" pour l'accompagner. Alex quant à lui m'a laissé gagner aux échecs en me faisant croire que je suis meilleur que lui (il fait très bien le pain aussi). Bref, la manip était bien fatigante mais en même temps bien sympa.Petit curieux (manchot royal)On a quitté Gwenn qui attendait deux autres manipeurs et le retour s'est bien passé, quoiqu'après le passage de la rivière du chateau mes bottes était pleines d'eau: Alex, poptruite et à ce titre spécialiste des rivières, il est bon pour faire le pain, courtois quand on joue aux échecs, mais très nul pour le passage des rivières.
 
    Après plusieurs jours de manip, plusieurs jours dans le froid et sans vraiment se laver, je suis toujours très content de retrouver une piaule confortable, une douche chaude, et des vrais repas midi et soir au restaurant. Ca dure quelques jours. Très vite, j'ai envie de repartir...





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