(Publié le 1er novembre 2014)
Au fil de mes articles, vous avez bien évidemment noté que des amitiés se nouent à DDU. Ouaip d’accord mais l’amitié ça va 5 minutes, et au final, bientôt, on parle d’amour. Tiens par exemple Victor c’est un type que j’aime. Et heureusement que je ne suis pas jaloux parce qu’ici y’en a plein qui l’aiment.
Soyons d’accord hein : Victor, physiquement, il n’a rien pour lui. Et intellectuellement pas grand-chose. Oui mais Victor il a un atout que les autres n’ont pas : il est pâtissier.
Salut Victor !
- Ecoute, on ne va pas y aller par 4 chemins, et je vais directement te poser la seule question intéressante de cet interview : tu fais quoi ce midi en dessert ?
Salut Didier,
Eh bien malgré mon physique qui te déplait Didier je vais encore te faire rêver, et même je vais faire saliver tes lecteurs : ce midi je vais faire un entremet moderne : mousse fruits rouges, insert thé jasmin et biscuit pistache !
(Aaaargh NDR)
- Pour devenir pâtissier, tu as suivi quel parcours d’études ?
D’abord un retour sur ton introduction : Je dis toujours que dans mon métier tu as besoin de tes mains et de ta tête (même que des fois t’as pas besoin des 2 !). Donc si « intellectuellement je n’ai pas grand-chose » je me dis que je compense en utilisant mes mains, ce qui n’est pas le cas de tout le monde, hein Didier !
(Ca se voit tant que ça que je suis un gros naze dans tout ce qui est travaux manuels ? NDR).
Pour en revenir à ta question sur mon parcours : j’ai fait un BEP pâtisserie et j’ai continué sur un BAC PRO boulangerie/pâtisserie.
Le mercredi, c'est jour de goûter à 16 heures. Et ce jour-là, c'était goûter on ice. Sympa aussi mais faut être couvert quoi.
- J’imagine que lorsqu’on est jeune pâtissier (ou même vieux pâtissier) on ne pense pas forcément à aller bosser en Antarctique. Comment t’est venue cette idée saugrenue ?
En effet c’est une idée saugrenue. C’est au cours du dernier cours de boulangerie qu’elle m’est venue, quand le prof nous a dit qu’il avait déjà eu un élève qui était parti en « antarctique ». Plusieurs réactions à ce moment-là : Le « c’est où ?! En Afrique !?! » (tu vois, je n’ai pas été accompagné par les plus cultivés !) ou bien encore le « mais qu’est ce qu’il avait fait pour mériter ça ».
Mais si j’avais su que j’allais te rencontrer Didier Lacoste Didier Lacoste, j’aurais réfléchi à 2 fois avant de postuler !
Tu refais le même pour le retour de l'hélico, Victor ?
- Histoire de faire (re)saliver les lecteurs et lectrices : Tu as une préférence dans le choix d’ingrédients que tu peux travailler ? Moi là comme ça j’ai l’impression que tu t’éclates tout particulièrement avec le chocolat. Me trompe-je ?
Ici il y a quelque chose de très bien c’est que nous avons beaucoup de produits différents et plutôt en quantité. Un autre point important est que je ne suis pas limité par le prix de revient des pâtisseries ou des pains que je crée. Donc je peux faire ici des choses qui seraient juste invendables ailleurs car trop chères à fabriquer. Je laisse beaucoup mon imagination vagabonder pour inventer de nouvelles recettes ( Chhhhuuuut, cchhuuuut, je crée ! ).
Le chocolat est une matière noble. J’aime beaucoup le travailler. Donc tant qu’il y en a dans les réserves, je me fais plaisir. D’ailleurs j’espère que les arrivants viennent avec un nouveau stock car sans chocolat la vie du prochain hivernage va être dure !
Mon gâteau d'anniversaire, un mille-feuilles avec trop mon nom dessus
- C’est un métier aux horaires pas forcément faciles. Ici à DDU par exemple ça donne quoi ? Ton chef (Nono) te donne-t-il suffisamment de jours de congés ? Tu veux que je lui en touche un mot ?
C’est sûr que pour toi Didier il est impensable de se lever à 3h du mat’ ! Et comment pourrais-tu prendre ton café toutes les 20 minutes si tu avais les mains dans la pâte ? Tu ne seras pas boulanger, ça c’est sûr ! Mais ici tu sais, ce n’est pas vraiment difficile : faire du pain et des desserts pour 25 personnes c’est plutôt petit joueur en comparaison de ce qu’on nous demande en métropole.
Seuls quelques points restent encore un peu critiques:
- En plein hiver, se lever a 5h du matin alors que le jour se lève à 11h, ça c’est dur.
- Les 25 personnes sont là tous les jours, et en campagne d’été il y a 80 à 100 personnes sur la base.
- Et puis, un peu comme toi avec le bulletin météo, même si je suis en congé, tout le monde va se tourner vers moi s’il n’y a pas de pain ou de dessert !
- Tu peux nous décrire une de tes journées-type à DDU ?
Je ne vais pas t’expliquer pourquoi j’ai adopté cette méthode de travail mais je peux te dire comment je fais : tout d’abord le matin je commence par diviser puis façonner la pâte que j’ai pétri la veille, et pendant que le pain pousse je m’autorise un petit déjeuner (au cours duquel je croise parfois Didier Lacoste Didier Lacoste, la tête un peu dans le c…, et qui invariablement à mes « boonjouur » répond des « beeuurg »). Par la suite je vais faire de la mise en place et préparer le dessert ou le goûter. J’aide aussi bien sûr Nono s’il en a besoin.
Je tiens tout de même à faire remarquer que mon prédécesseur faisait un maximum 3 desserts par semaine en hiver (c’est ce qu’il m’a dit) alors que, entre Nono et moi, la TA64 profite quasiment d’un dessert chaque jour !
(Oui Victor, c’est vrai, d’ailleurs ma balance et ma chérie ne te remercient pas. NDR)
- Je parlais plus haut de congés. Quand c’est au tour du chef-cuistot de prendre les siens, c’est à toi de prendre la relève en cuisine. Tu t’éloignes donc un peu de ta spécialité. Cette mixité des tâches te convient-elle ? Tu avais déjà fait le cuistot avant ?
Vous nourrir et faire en sorte que personne ne meure de faim c’est le rôle de Nono. Moi je suis là pour vous faire plaisir et faire fermer le clapet de cette petite voix dans votre tête qui vous dit « non ce n’est pas raisonnable de prendre du dessert ».
Alors quand c’est au tour de Nono de se reposer (eh oui, il faut quand même qu’il se repose !) eh bien c’est moi qui devient responsable de votre nutrition. J’avais déjà travaillé chez un traiteur et puis en restaurant aussi, mais toujours du côté pâtisserie. Donc c’est ici que je me suis vraiment mis à l’aise en cuisine, à force de pratiquer et en regardant Nono à l’ouvrage.
Cela ne me dérange absolument pas, j’aime faire la cuisine.
- C’est ta première expérience de travail en collectivité. Tu souhaites poursuivre dans cette voie ? As-tu des projets définis pour ton retour en métropole ?
Oui, c’est ma première fois Didier ! Mais je ne souhaite pas poursuivre dans la collectivité.
Ici c’est une toute petite collectivité, tout le monde se connait et je peux me faire plaisir. Lorsqu’il s’agit de faire des pains pour 800 personnes, là ça devient une usine et il n’y a plus de personnalisation.
Mon retour en métropole va commencer par des vacances (bien sûr !!!). Côté boulot je ne me fais pas de souci pour en retrouver. Mais encore faut-il trouver le bon : un grand restaurant, ou une expérience à l’étranger me tenteraient bien.
Le jeu d'échecs en chocolat blanc/noir (mat en 17 coups là je crois)
- Je t’avoue que depuis le début de l’hivernage, je dois me faire quotidiennement violence pour ne pas prendre du poids. On fait comment pour être pâtissier et peser 60 kg tout mouillé ? Quel est ton secret ?
Le secret ? SE FAIRE PLAISIR !
Arrête de regarder l’aiguille de la balance et prend du plaisir en mangeant.
Et puis je sais que le poids que tu prends, c’est rien que du muscle de tout façon ! Avec tout le sport que tu fais ça ne peut pas être autre chose !
(Si vous voyez du second degré dans cette remarque qui frise la calomnie, vous n’avez pas tort. NDR)
- Avant de terminer, je ne peux pas passer à côté de cette question, sinon mes abonné(e)s vont se mettre à me détester : tu peux nous donner une petite recette que tu affectionnes particulièrement ? Rien que pour nous…
Bon pour toi et tes abonnés Didier, je veux bien, mais puisque tu commences à être un peu âgé et que Parkinson te guette, je vais te faire une recette plutôt facile que j’aime beaucoup : le gâteau aux marrons. Il te faut :
- 4 œufs
- 100g de sucre
- 150g de farine
- 150g de beurre fondu
- Du sel
- Une cuillère de rhum
- 1 sachet de levure
- 500g de crème de marrons
Et après, c’est un peu comme un quatre-quarts … mais avec du marron !
(D’où son nom, j’imagine, NDR)
Qui n’a pas rêvé d’avoir un pâtissier à la maison, hein ? Ben voilà, c’est ce qui m’arrive, comme quoi vous devriez y réfléchir à deux fois avant de me plaindre. De mon côté je viens de jeter ma balance par la fenêtre. Elle ne donnait que des chiffres assurément faux (pour vous donner une idée des chiffres en question, la devise de Victor c’est « le gras, c’est la vie ». Finalement, plaignez-moi).
Un grand merci à toi Victor d’avoir pris beaucoup de ton temps. D’ailleurs ça sent le brûlé, non ?
Voyez le site de Victor: le marron givré
et oups ! j'avais oublié le site de Christelle (la lidariste) l'autre jour: Christelle en antarctique
Miam
Miam miam